Le monde est consubstantiellement multilingue et se développe
fondamentalement sur la base de sociétés régionales qui deviennent de plus en
plus plurilingues. Cela implique la planification de politiques linguistiques
en accord avec les enjeux sociaux que pose l’acheminement du monde vers la
mondialisation, compte tenu de ce qu’une partie fondamentale de ces politiques
est mise en œuvre dans les systèmes éducationnels de chaque secteur
géographique ou social. Le plurilinguisme est conçu comme un fait social qui
concerne l’existence et le devenir des personnes au sein des États, alors que le
multilinguisme correspond plutôt à un constat géographique, social et à des
intentions d’actions linguistiques.
La formation multilingue requiert une multiplicité de
perspectives didactiques, selon les phases de son déroulement, selon les
profils des usagers, selon les conditions ambiantes et selon les objectifs à
court et long terme. Pour cela, on dispose d’une longue expérience et d’un
vaste éventail de techniques, procédés et matériels qui se sont accumulés dans les
activités d’enseignement des langues. Pourtant, on apprécie une carence
d’activités de métacognition conduisant à une espèce de conscience linguistique,
capable d`établir des similitudes et des contrastes, ce qui équivaut à la capacité
d’identifier des phonies et des graphies différentes de celles de sa propre
langue. Plus encore, cette capacité débouche sur la connaissance (intellective)
d’intellection des caractéristiques et des fonctions de la langue qui accompagne
la vie de tous et de chacun.
C’est ainsi que sur le plan phonique on peut constater
que les ressources linguistiques sonores utilisées par notre langue maternelle,
tant sur le plan segmental que suprasegmental, sont susceptibles d’être présentes
dans d’autres langues avec lesquelles elle partage le domaine local ou mondial.
Elles peuvent jouer les mêmes ou différentes fonctions. On sait bien que
l’appareil phonatoire humain est très ductile et souple à produire et combiner
des traits phonétiques et phonologiques, mais qu’il n’est pas en condition de
produire la quantité et la variété infinie d’unités -telles que les formation
pour le multilinguisme ; signes linguistiques- résultantes de
l’association d’un signifiant et un signifié dans les neurones de notre
cerveau. Par conséquent, l’inventaire de traits sonores -distinctifs et non
distinctifs- est beaucoup plus restreint dans chaque langue ou dans un ensemble
de langues apparentées, ce qui permet de le relever avec précision. Ces
résultats peuvent être intégrés à des stratégies didactiques et méthodologiques
utiles et nécessaires au développement du multilinguisme. La représentation
graphique des signes linguistiques de chaque langue présente aussi des
problèmes pour le rapprochement des langues.
Depuis une perspective occidentale, le choix réalisé par
quelques cultures orientales d’un système alphabétique idéographique ou
syllabique marque des différences très significatives de forme et de fond, car
les bases de conception sont radicalement opposées. Les langues et cultures
latines et germaniques ont adopté l’alphabet latin. Le système de graphèmes a
essayé de représenter de la manière la plus proche possible, le système
phonétique et phonématique de chaque langue. C’est le cas de l’espagnol parmi
les langues latines et de l’allemand parmi les langues germaniques. Il n’en est
pas de même pour le français et l’anglais respectivement, où, pour des raisons
historiques, la distance entre graphie et phonie est relativement large.
Cette situation provoque des difficultés supplémentaires
dans le processus d’alphabétisation des enfants et des jeunes à l’intérieur de
chaque pays, ainsi qu’aux étrangers qui ont l’intérêt de maîtriser la
compétence écrite dans ces langues. Cependant, les travaux des linguistes et
des professeurs ont proposé des stratégies et créé des méthodes de plus en plus
performantes consacrées à rendre de l’efficacité à cette lourde tâche. Il faut
bien souligner aussi que l’étude des influences mutuelles des éléments
phonologiques sur la compréhension écrite et des éléments graphiques sur la
compréhension orale est tout à fait nécessaire. Ainsi, sur le plan
lexico-grammatical, il convient également de focaliser, pour chaque langue
considérée, les façons de dire préférentielles au détriment d’autres qui, tout
en étant correctes sur le plan grammatical, n’ont pas cours dans l’usage majoritaire.
Tout comme les schémas récurrents se consolident pour les
signifiés complexes, les façons de dire s’affermissent elles aussi, tout
spécialement celles qui se réfèrent à des situations et à des relations
constantes ; ceci relève des procédés par lesquels sont établies les terminologies
des divers mondes de la connaissance, obtenant par là des formes univoques dépourvues
d’ambiguïté. Par ailleurs, il devient nécessaire de porter à un niveau de connaissance
opératoire les procédés de signification moyennant d’un côté, la métaphore, la
métonymie et le symbole et d’un autre côté, le jeu de troc entre l’explicite et
l’implicite.
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