lunes, 21 de abril de 2014

LE MULTILINGUISME COMME DÉFI COLLECTIF



 Toutefois, il ne faut pas être naïf : cette position de principe – et de bon sens – n’épuise pas la question des langues en Europe. Car toute médaille a son revers et la diversité linguistique est aussi porteuse de risques.Comme en témoignent les graves tensions communautaires qui agitent un pays pourtant réputé paisible comme la Belgique,sur notre continent aussi, les différences linguistiques peuvent susciter des conflits ou être instrumentalisées à des fins politiques.

De même au plan économique et social, le multilinguisme peut entraîner des inconvénients non négligeables. Dans un rapport de 2005 sur les “Incidences du manque de compétences linguistiques des entreprises sur l’économie européenne”, les auteurs relevaient que chaque année des milliers d’entreprises perdent des contrats et voient leur activité réduite par manque de compétences linguistiques. Selon cette étude, 11% de l’échantillon des PME sondées avaient perdu un contrat faute de maîtriser une langue étrangère. Les entreprises européennes sont parfaitement conscientes de ces réalités. Elles accordent donc une importance croissante à la maîtrise des langues dans leurs critères de recrutement. Toutefois, cette tendance comporte,en retour,des risques sociaux. Au sein d’un marché à la fois commun et multilingue, les personnes maîtrisant plusieurs langues jouissent d’un fort avantage comparatif sur le marché du travail, ce qui conduit mécaniquement à marginaliser celles qui n’en maîtrisent qu’une.

Les instances européennes sont, du reste, parfaitement conscientes de cet écueil. La Commission a ainsi lancé,en septembre 2009,une plate-forme permanente d’échanges d’idées et de bonnes pratiques sur le thème des langues dans l’entreprise. En effet, face à un tel enjeu, l’amélioration de l’apprentissage initial des langues lors du cursus scolaire ne suffit pas.Pour renforcer leurs compétences linguistiques et conjurer tout risque de discrimination surle critère des aptitudes linguistiques,les entreprises doivent également s’engager, notamment via le développement de la formation continue.


De même, pour fluidifier les échanges et permettre un meilleur accès de tous aux informations administratives mais aussi culturelles, scientifiques, économiques et sociales, il est capital de développer nos capacités communes de traduction. À défaut, “l’unité dans la diversité” qui est au cœur du projet européen resterait un songe vain. Conformément à la célèbre formule d’Umberto Eco, “la langue de l’Europe, c’est la traduction”.

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