
Nous vivons dans un
monde où les inégalités augmentent et, dans ces conditions, les langues
nationales autres que l’anglais tendent dans la majorité des pays, en
particulier en Amérique latine, à être confinées dans le rôle de reproduction
des avantages comparatifs préexistants ou de la consommation somptuaire en
apparence.
En Europe, il y a des
pays où les langues étrangères nationales occupent dans l’enseignement
secondaire entre 17 et 26 % du temps scolaire (Pays-Bas, Allemagne). Dans
quelques uns, les contenus des langues étrangères nationales prennent plus de
temps que les contenus de mathématiques et de sciences. Mais en Amérique
latine, seuls 8 à 9 % du temps scolaire sont consacrés à l’enseignement des
langues étrangères. La différence est beaucoup plus importante qu’il n’y paraît
parce que le temps total disponible est très différent. À la fin de neuf années
de scolarisation, les jeunes d’Argentine ou du Mexique ont eu 6 580 ou 6 600
heures de classe ; en Allemagne 7 080 heures ; en France 8 400 et aux Pays-Bas
9 700.
Le manque de temps
scolaire, la pression des communautés et les difficultés à créer des
alternatives par l’utilisation des nouvelles technologies conduisent les pays
vers le bilinguisme pauvre. En Argentine, par exemple la population est de 35
millions d’habitants. Les communautés indiennes comptent près de 300 000
personnes. Ces dernières ont demandé et obtenu, pour la première fois, la
possibilité d’apprendre leurs langues à l’école : le wichi, le Toba, l’araucan
et le mapuche.
Parallèlement la plus
importante province du pays a décidé, pour l’enseignement des langues
étrangères, de n’autoriser et de ne financer dans les écoles publiques que
l’anglais. Les autorités ont décidé de « recycler » les professeurs de français
et d’italien et de leur faire enseigner l’espagnol. Un long processus de
consensus a été nécessaire entre les ministères de l’Éducation des vingt-quatre
provinces du pays pour éviter la généralisation de cette politique dans tous le
pays. Les négociations ont conduit au postulat suivant : tout le monde doit
avoir la chance d’apprendre à l’école trois niveaux de 240 heures d’une langue
autre que la langue nationale. L’un de ces niveaux doit être l’anglais pour la
communication internationale ; les autres peuvent être les langues indigènes,
ou bien un approfondissement de l’anglais, ou bien encore d’autres langues
étrangères dont le choix ne se limiterait pas au français ou à l’italien comme
dans le passé.
La politique menée par
la province en question était liée aux élections : selon les sondages, les
électeurs attendaient de l’école qu’elle se concentre sur un enseignement «
anglais et informatique ». Pas de sciences, pas de plurilinguisme, pas de
sports, pas d’arts. Pourquoi ? Les raisons sont nombreuses, je n’en reprendrai
qu’une : le problème de modèle pédagogique d’enseignement des langues
étrangères dans les écoles secondaires.
LES ARTICLES SONT VRAIMENT BIEN REDIGES . MERCI
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